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MAISON DE QUARTIER DE BAGATELLE (2018 – 2019)

         Nichée au bout d’une impasse, quelque part entre la plus grande tour de Toulouse et une bretelle de son périphérique, la Maison de Quartier de Bagatelle, bâtiment neuf, long, lourd diront certains, a de quoi étonner. Les flâneurs s’y aventurant y apprendront qu’en dépit de ce qui résonne comme un label municipal, la Maison de Quartier constitue une unité autogérée, administrée par et pour ses habitants, de manière quotidienne et collective. Autogérée, certes, mais pas autonome : une convention la relie à la Mairie qui reste propriétaire du bâtiment et responsable de son entretien.

         Une jeune Maison, fraîchement inaugurée en 2016, où vit une histoire ancienne, vieille de plus d’un demi-siècle. Dans les années 60, les habitants qui s’installèrent dans les premières tours de Bagatelle s’approprièrent l’algéco servant de réfectoire aux ouvriers et en firent, une fois le chantier terminé, un espace de rencontres à caractère social et politique. Cinquante ans d’existence donc, et un projet qui, malgré la valse des époques et des équipes, a su garder son horizon premier : faire vivre le quartier, développer les initiatives portées par ses habitants, offrir un toit à des organisations syndicales, partisanes ou associatives ayant du mal à se loger ; en clair, offrir un terreau aux racines parfois fragiles des collectifs ayant pour terrain de luttes le bitume noir de sa banlieue.

         Gérée par une vingtaine de bénévoles mandatés pour trois ans, la Maison de Quartier de Bagatelle accueille chaque semaine une dizaine d’associations dont les activités portent aussi bien sur les volets sociaux (cours de français pour réfugiés, paniers Amap, repas gratuits les soirs du Ramadan…), que culturels (cours de théâtre pour adultes et adolescents, ateliers de slam…), éducatifs (soutien scolaire, cours d’anglais) ou politiques (réunions d’organisations syndicales et partisanes). A cela s’ajoutent une série d’évènements plus ponctuels (interventions d’universitaires, de collectifs locaux, de copropriétaires) et de rassemblement privés, généralement le week-end, pour les familles ayant besoin d’un lieu pour y tenir célébrations ou commémorations.

         Utopie concrète donc, urbaine et humaine, la Maison de Quartier de Bagatelle forme un corps insolite, inédit peut-être même. Son utilité dans un grand ensemble ultra-fonctionnaliste limitant fortement les lieux de rencontres n’est sans doute pas à démontrer : elle constitue une promesse, réitérée et sans cesse reformulée, d’un autre espace des sociabilités et de la construction du politique, sourde à l’écho des slogans mièvres et des mots tièdes déclamés par les chantres d’un libéralisme n’ayant pour toute idée du bonheur qu’un succès éphémère, fait de chiffres et de listes, matérialiste et individualiste. Telle une cabane dans un arbre – ou sur le toit d’une HLM – elle est le lieu d’un autre imaginaire, l’aire d’un autre possible.

 

Cette série a été réalisée avec le Fond d’Initiative et de Participation des Habitants de Toulouse, désormais baptisé Agir dans mon quartier, du secteur Bagatelle / Faourette.

 

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